Cependant Bélus, ayant consulté ses mages, déclara qu’aucun des trois rois n’ayant pu bander l’arc de Nembrod, il n’en fallait pas moins marier sa fille, et qu’elle appartiendrait à celui qui viendrait à bout d’abattre le grand lion qu’on nourrissait exprès dans sa ménagerie.
Le roi d’Égypte, qui avait été élevé dans toute la sagesse de son pays, trouva qu’il était fort ridicule d’exposer un roi aux bêtes pour le marier. Il avouait que la possession de Formosante était d’un grand prix ; mais il prétendait que, si le lion l’étranglait, il ne pourrait jamais épouser cette belle Babylonienne. Le roi des Indes entra dans les sentiments de l’Égyptien ; tous deux conclurent que le roi de Babylone se moquait d’eux ; qu’il fallait faire venir des armées pour le punir ; qu’ils avaient assez de sujets qui se tiendraient fort honorés de mourir au service de leurs maîtres, sans qu’il en coûtât un cheveu à leurs têtes sacrées ; qu’ils détrôneraient aisément le roi de Babylone, et qu’ensuite ils tireraient au sort la belle Formosante. Cet accord étant fait, les deux rois dépêchèrent chacun dans leur pays un ordre exprès d’assembler une armée de trois cent mille hommes pour enlever Formosante.
La Princesse de Babylone, Voltaire, 1768, chapitre I.
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